K.Michelle a clairement plus de soucis que Vogue: la chanteuse est sans aucun doute bipolaire. Elle dit des choses qu’elle ne fera jamais, se dispute tout le temps avec tout le monde, a toujours quelqu’un qui lui en veut quelque part sur la planète et a surement le record de piques et de phrases tranchantes envoyées à ses propres fans sur la toile. Qu’on aime ou pas le personnage, c’est K.Michelle. Elle a acquis sa place sur la scène R&B avec 2 albums qui ont chacun à leur manière trouvé leurs publics.

Le premier,  “Rebelious Soul”, est très classique dans un vibe revival KeyshiaCole/MaryJBlige et a trouvé 260.000 acheteurs, en fin de vie. Le second Anybody Wanna Buy a heart plus ambitieux et très travaillé au niveau des productions et de la recherche, a trouvé 276.000 preneurs. Cette fois, elle propose More Issues Than Vogue qui devait d’abord être un album country. Le label a refusé de lui faire cette fleur et après une bataille de choix artistiques avec la maison de disques qu’elle a fini par perdre, elle nous propose cet opus qui est assez moins rafraichissant que son prédécesseur. Elle est totalement inanimée quand elle en parle en interview, ne cesse de supputer sur ce projet country qui l’obsède et on sent aussi dans cet album et dans la manière dont il est assemblé qu’il manque quelque chose. Ca n’en fait pas un mauvais opus, loin de là. Danja, Lil Ronnie ou encore Sam Salter et Kelly Price lui ont prêté main forte pour l’élaboration de ce disque où elle n’écrit quasiment pas. Une surprise ,car c’est une parolière à la base, elle aime le revendiquer, mais c’est un don qu’elle n’utilise pas du tout sur cet album. Elle laisse par exemple l’écriture du premier single officiel “Not a Lil a Bit” à Kelly Price et c’est une des plus belles ballades du disque et l’un des plus beaux titres de sa carrière. Très claqué sur le R&B du  milieu des années 00’s, la chanson n’en est pas moins diaboliquement efficace avec ce dernier refrain qui une fois entendu, ne vous sort jamais de la tête.

C’est sans doute  le choix de single le plus évident sur cet album, qui touche aussi bien, des influences rap ( Ain’t You), un son plus soulful (Nightstand) et plus pop sur “Make The Bed” avec Jason Derulo. Le titre est parcouru d’onomatopées risibles “oh-oh-oh-oh-oh-oh” n’ayant absolument rien à faire là-dedans.

Il y a moins de cohérence, même si on note qu’il y a un effort fait dans la manière de poser qui est plus en douceur, moins dans la démonstration, ce qui laisse une palpable émotion sur “These Men” ou encore sur le pas subtil, mais touchant “All I Got” qui nous balade machinalement dans un univers propre à Jodeci avec des chœurs qui font penser qu’on est de nouveau au milieu des 90’s. C’est très scolaire, mais attachant. On se laisse prendre au jeu, comme on accroche machinalement à l’excellent “Rich“, une rythmique rap east très accrocheuse, un refrain entêtant et surtout un couplet rap mémorable de la part de Trina. L’autre meilleure opportunité de single pour ce disque, est la chanson de fin  Sleep Like a Baby, un mid-tempo sucré et accrocheur avec une pincée de glam dans le refrain.

Globalement n’est pas spécialement marquant, on sent son recul au niveau de l’implication, mais ça reste suffisant pour en faire un album de R&B sympathique. Ceci étant dit, elle a interêt à nous faire un très grand album de country vu la fougue avec laquelle elle en parle au point de moins s’attarder sur ses projets de base.

Triste Réalité!

12.5/20.