Dans une excellente interview pour le très bon site Noisey, Benjamin Chulvanij, le directeur actuel de Def Jam Recordings qui s’est occupé de beaucoup d’artistes (Arsenik, les 2 Bal, Lunatic, La Clinique, Diam’s Aaliyah, Sheryfa Luna etc..) a donné son point de vue sur la situation de Def Jam Us par rapport à Def Jam France, ce qui nous permet de rebondir sur quelques dossiers.
“Aujourd’hui, tu as des comptes à rendre à Def Jam US ?
Non, aucun. Je fais absolument ce que je veux. Et puis Def Jam US galère plus que nous ces derniers temps. Ils ne sont pas dans le même schéma. Aux Etats-Unis, les labels sont davantage une banque pour les artistes qu’autre chose. C’est essentiellement de la distribution. Des mecs comme Jeremih ou French Montana gagnent beaucoup d’argent dans les clubs et se fichent un peu de sortir un album. D’autant qu’une campagne radio coûte environ 500 000 dollars là-bas. Si tu n’as pas un gros hit, c’est difficile de rentabiliser tout ça. En France, le budget est moins élevé, mais on profite également des lieux de diffusion pour faire tourner nos artistes. La création en France de 900 chichas en quelques années a été une bénédiction pour nous. “
On avait parlé l’inégalité entre les artistes face aux radios américaines dans ce dossier >>> http://www.musicfeelings.net/2013/10/dossierle-systeme-des-radios-aux-u-s-a/
Il apporte surtout un chiffre en disant qu’il faut environ 500.000 dollars pour une campagne radio. Et c’est pour ça que certains artistes R&B peuvent actuellement faire les meilleurs albums de la terre, ils n’auront pas de tubes en cette période.
500.000 dollars, c’est plus de 16 fois le prix de l’enregistrement du dernier album de Teedra Moses qui lui a coûté 30.000 dollars et c’est le 1/3 de l’enregistrement d’un album comme “FanMail” de TLC qui a couté 1.5 million dollars à son époque.
Certes aujourd’hui, l’enregistrement d’un album coute beaucoup moins cher, mais en ces temps de crise pour le R&B, les labels ne seront pas du tout prêt à investir des sommes aussi colossales pour que des artistes soient diffusés, surtout si à la sortie, ça donne un hit et pas de ventes d’albums.
En plus de cet espèce de racisme institutionnalisé qu’on a vu dans le dossier sur le multiculturalisme. Il y a donc bel et bien un souci financier. Les enjeux furent soulevés dans l’article sur la black music a besoin de vous.