Beyonce dévoile le clip de Formation, nouveau titre qui devrait paraitre sur son 6e album à venir. 3 ans après son album éponyme, la chanteuse se complet dans la trap avec langage très peu soutenu sur ce titre où elle entend s’engager pour la cause noire américaine.
Finalement, pas de chronique du single #Formation de Beyonce, mais on a tenu à expliquer pourquoi. Doit-on vraiment se soumettre à ce nivellement par le bas de l’industrie musicale?
On est dans une ère assez trouble qualitativement parlant: le temps passe et rien, mais alors absolument rien, n’évolue ou ne change… En réalité, ça empire.
La qualité musicale a brutalement chuté (pour beaucoup de raisons qu’on a évoqué dans des dossiers) mais on ne peut pas se forcer à s’aligner là-dessus.
Ce n’est pas parce qu’on est dans une ère très pauvre musicalement qu’on doit abaisser les critères minimums pour juger une bonne chanson. Une mélodie, une structure, un travail vocal… on ne doit pas s’abaisser juste parce que ce que les pop stars produisent n’est pas bon et qu’elles sont surmédiatisées.
” Dooo it » de Miley Cyrus est extra, « Work » de Rihanna est génial et maintenant « Formation » de Beyonce est révolutionnaire .”
C’est vraiment le signe qu’on vit dans une société conditionnée à l’extrême médiatisation. C’est-à-dire que ce n’est pas parce qu’elles sont extra qu’elles sont là aujourd’hui.. c’est parce qu’elles en sont arrivées là qu’on trouve ce qu’elles font extraordinaire, même quand c’est totalement faux.
On n’a plus d’objectif de qualité. Tout ce qu’il leur faut, c’est être présente et buzzer. Dès qu’elles ont ça, elles pourraient taper sur des tambours et pisser dans des bouteilles, enregistrer et proposer à la vente (et certaines n’en sont pas loin), on nous expliquera que c’est génial.
On a perdu cet objectif de qualité qui a existé. Nous connaissons tous des opus de Blackstreet, de Teddy Riley, de Michael Jackson, de Janet, de David Bowie, de R.Kelly, d’Erykah badu, de Mariah Carey, etc. sabotés violemment par la critique et donc rejetés par la grand public parce qu’ils étaient moins bons que leurs standards… pas parce que c’était vraiment de mauvais opus.
Aujourd’hui, si tu buzzes, que tu as une visibilité, tout est permis.
On a des produits visuels où effectivement l’image est léchée (le clip de Beyonce est très beau, très belle réalisation), Miley Cyrus est géniale dans son personnage de prostituée dopée (et pourtant, elle sait chanter, ça pourrait vous surprendre mais elle sait chanter), Rihanna dans sa constance “Caméléon”.. On investit sur l’image et on délaisse la musique même qui devient accessoire.
Non, La musique doit être suffisante pour se porter elle-même, la musique peut et doit encore être un instrument pour faire valoir les autres artistes. Elle peut encore avoir cette fonction et ne doit être reléguée à l’arrière-plan comme actuellement.
“Oh le clip est bien, il y a un message“.. mais c’est une chanson ou ce n’en est pas une ? Si c’est une vidéo, fais un film. Si c’est un discours, vas à l’ONU.. mais si c’est une chanson, ce doit être une chanson d’abord. Pas d’enfumage !
Dans le cas de Beyonce, elle s’engage pour la cause noire pour cacher l’odeur réelle du titre. Personne ne peut lui en vouloir de faire ça… mais il est possible de s’engager, de dire des choses vraies en faisant de VRAIES chansons, en écrivant un beau texte. Ce n’est pas antinomique, ce n’est pas en opposition et l’industrie actuelle tend à faire croire à tout le monde que c’est le cas.
« People Get Ready, The Ghetto, One Mic etc. », on a des milliers d’exemples de chansons engagées très bien écrites. Le dernier album de Kendrick Lamar est une pépite dans le genre pour ne citer que lui. C’est même mieux de faire des choses travaillées, car ça ne pourra que mieux faire passer le message.
On a vu plusieurs dossiers sur le site expliquant que les artistes noirs sont boudés dans les radios pop américaines; ils ont du mal à s’en sortir et ce n’est clairement pas quand les popstars noires les plus en vue (Beyonce, Rihanna) propose des Work ou Formation que la chose va changer, loin de là. Très loin de là.
Les gens se plaignent et trouvent le succès d’Adele démesuré. C’est peut-être vrai.
Mais, l’une des forces d’Adele est simple. ELLE EST la seule parmi les artistes pop médiatisées, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, qui fait des chansons qui se rapprochent le plus de chansons. Elle a des mélodies claires, un travail vocal, des textes fédérateurs, une prod et quand des gens sont habitués à entendre des « Do it » , « Work », « Formation », Kesha, Artpop, David Guetta, Flo Rida, Pitbull etc.., c’est logique qu’ils trouvent cela extraordinaire. C’est une des raisons qui fait qu’elle vend 4 à 5 fois plus que le reste. Même un sourd trouverait « Work » ou « Formation » ridicules face à « Someone Like U/Rolling In The deep ». Quoiqu’on dise, il y a encore des critères très simples et objectifs dans l’appréciation de la qualité d’un titre mais vu que les pop stars actuelles concentrent tout ce qu’elles font sur l’image, elles n’ont plus le temps de penser à la musique. Elles savent que le matraquage fera l’affaire.
Il y a quelques années, les artistes s’enviaient les chansons, les tubes car c’est un tube travaillé qui faisait ta carrière.. aujourd’hui, c’est l’image ou l’exposition. Les gens veulent être exposés, avoir une image avant d’avoir à se préoccuper de la musique. Ciara ou Future auraient sorti la chanson de Beyonce, et ce sont les personnes qui adorent Formation aujourd’hui qui se moqueraient d’eux en premier. Pourquoi? Parce que ce n’est pas une question de musique, c’est une question d’image.
Beyonce a du talent donc peut encore nous surprendre avec un bon album… mais il n’y aura pas de chronique de son titre “Formation” parce qu’on rentre dans un système où on veut nous faire avaler tout et n’importe quoi comme étant de la bonne musique pour qu’ensuite les vrais artistes disparaissent et que l’on se retrouve juste avec des pimbêches qui auront une image trash et à qui on fera chanter n’importe quoi.
Ça peut paraître vieux jeu mais Musicfeelings se refuse totalement à cela.
On aime la musique et on est pas ancrés dans ce fantasme de l’image dans lequel on vit et qui sert à l’industrie musicale parce que ça leur coûte beaucoup moins cher.
On veut pouvoir écouter la musique sans fesses, sans langues, sans fioritures, sans matraquage car la bonne musique n’a pas besoin de tout ça. Gardez vos critères, gardez vos valeurs sur la musique, car si vous vous laissez enfumer par les fesses ou par la médiatisation, nous aurons de moins en moins de bons albums.
On veut d’autres “ The Miseducation“, d’autres “Ray Of light“, d’autres “Confessions”, d’autres “Illmatic” et on a le droit de garder ces standards là. Si on s’abaisse à se dire que des “Work” ou “Formation” sont fabuleux ( et d’autres d’ailleurs), nous n’aurons plus jamais de grands albums réalisés par des popstars d’envergure. Croire, c’est le début du bonheur, alors il ne faut pas cesser d’y croire
Pour le moment, les fans de popstars (qui aiment plus ce qu’elles représentent que leur musique) ne comprennent pas cela. Ils se disent que quand on dit qu’une chanson est mauvaise « on est un hater » car ils sont conditionnés à le dire par l’industrie. On a crée un système et on a formé des moutons pour le suivre. La vérité est que le fait de produire de la musique fast-food fragilise l’oeuvre et le talent (quand elles en ont) des artistes qu’ils aiment et les rend plus facilement remplaçables ou interchangeables avec des filles qui n’ont absolument rien et qui coûteraient moins cher à produire.
Aujourd’hui, c’est cool de saturer la toile, de jouer les trashs, les reines sur du vide, etc. mais dans quelques années, elles se feront déclasser par des filles de télé-réalités qui auront aussi conçu des images et qui partant de ces images pourront rivaliser avec des titres tout aussi médiocres qui seront aussi sur-diffusés dans les médias.
Il est possible de faire du très bon mainstream, de faire de très bons titres qui sont des cartons mondiaux avec des messages.. donc n’abaissons pas nos critères parce que l’industrie musicale veut nous produire une bande de poupées interchangeables.
#TristeRéalité !
Ps : Et si vous voulez vraiment des messages pour la cause noire, lisez du Maya Angelou. Ecoutez Curtis Mayfield, Nas, Common, Talib Kweli, Mos Def, TQ et plein d’autres. Ils ne l’ont pas fait parce que c’était à la mode. Ils le font ( et souvent très très très bien) depuis 10 ans et personne n’en fait tout un plat.