Qui est TY Dolla sign?
Si vous ne connaissez pas Ty Dolla $ign, c’est un peu le Nate Dogg du mouvement trap actuel!
Chaque fois qu’un mec a besoin d’un refrain chanté (mais trop bien) il fait appelle a TY.
Seulement voilà, ce rasta aux yeux verts,a jusqu’à maintenant, rencontré moins de succès que son illustre prédécesseur. Il n’absolument aucun hit mainstream !
Pour autant sa seule street crédibilité (aux states) et ses affiliations (il est co-produit par le label Wiz Khalifa et Dj Mustard) lui ont permi d’être présent sur un peu 70% de la production d’album de rap (mainstream et indé) des 3 dernières année. C’est absolument hallucinant !!
Il avait déjà sorti des mixtapes (Beach House) dans lesquelles le niveau de réalisations était déjà au-dessus du lot puisque des espaces dans ses instrus trap laisser place à du jazz live (oui oui, j’ai bien dit du live).
Il faut dire que son père musicien faisait partie du groupe de Funk 80 “Lakeside”, ceci explique peut-être cela.
Son album a maintes et maintes fois été reporté (un 1er single très “girly” “Drop that kitty down low” rentré en radio à même était retiré du tracklisting) et est finalement sorti cette semaine.
Comme si TY savait que la bataille sur le front des ventes était perdue d’avance-il y a un problème dans son positionnement qui consiste à se présenter comme un player de la street, faisant apôtre de l’argent facile et de la vie consumériste pour l’image et ses propres projets musicaux qui proposent une musique complexe et plutôt bobos.
Un album qui mêle musicalité actuelle et de multiples clins d’oeil à toute la musique afro-américaine de ces 20 dernières (et même au delà, parfois)
L’éclectique liste d’ invités est, à ce titre, assez évoquatrice: James Fauntelroy, Brandy, E-40, Jagged Edge, R.Kelly SA-Ra Creative Partners, Future, Trey Songz Kanye, Diddy etc, etc..
La chronique de l’ opus.
L’album s’ouvre sur le classieux et ambitieux L.A (featuring un couplet de Kendrick Lamar) avec ses envolées d’orchestre de cordes (qui ne sont pas sans evoquer ceux d'”Instant Vintage” de Raphael Saadiq) et James Fauntleroy et Brandy (rien que ça!) dans les choeurs. Tout les éléments de l’album sont en places, dès ce 1er titre: musique urbaine actuelle avec un soin particulier apporter à ses arrangements pour mieux la transcender.
Le second titre Saved est un pur “Mustard on the beat” le couplet de E-40 apporte un peu de fantaisie dans un format que l’on connait (un peu trop) bien maintenant. D’autant que niveau lyrics TY ne se prend pas la tête.
Staight Up est un “Neo-Soul-trap-jam” sur un instru que n’aurait pas renié Dwele au Musiq Souchild s’il n’y avait pas ces caisses claires mécaniques si symptomatiques de la trap music, Ty se paie le luxe d’avoir Jagged Edge dans ses choeurs pour renforcer se côté Soulful-R&B, en fin de morceau.
Solid (feat Babyface) est surement l’un des titres les plus intéressant. Sur une guitare sèche et une instrumentation dépouillée façon démo se fait plus chanteur que jamais et arrive à faire passer quelquechose sans aucun artifice.
Horse In The Stable ne surprendra pas vraiment l’auditeur de R&B aguerri, bien que pas désagréable, cette balade urbaine est assez peu originale.
Know Ya est le parfait contrepoint au titre R&B banal précédent, sur un beat trap et sombre TY rejoint par Trey Songz mélangent leur flows mi-chantés mi-rappés. Drake & Future auraient pu faire le même titre à grands très renforts d’autotune, ce qui n’est pas le cas là.
Credit et Miracle/whatever sont des slow Jams comme on pouvait en entendre sur les albums de Blackstreet ou Jodeci dans les mid-90’s’c-a-d que les élements de R&B sucrés harmonies, choeurs féminins (de Sevyn Streeter) et piano et saxophone sont contrebalancés par un beat urbain et des lyrics “thug”
Guard Down est dans la parfaite continuité des 2 précédents titres, à cette petit nuance prêt que les feats sur ce seul morceau sont Kanye West & Diddy !! Mais loin de vouloir rentabiliser ces prestigieux invités en faisant un titre radio friendly, Ty Dolla $ign délivre avec eux l’un des ces titres les plus perso et les plus inspiré de l’album, sorte de symphonie hip-hop et démesurée.
Sitting Pretty When I See Ya, on touche là, le ventre mou de l’album c’est le quatrième et cinquième slow tempo d’affilée de l’album et Ty (rejoint par son mentor Wiz Khalifa sur Sitting Pretty et Fetty Wa sur “When I See Ya“) peine lyriquement et mélodiquement à relancer la machine.
Alors qu’on commence un peu à l’être arrive alors “Blasé, Blasé” (mot d’argot américain directement tiré du français), qui est aussi le 1er vrai single de l’album. Que dire ce titre ? Si ce n’est qu’il est aussi addictif que répétitif !
Only Right feat YG est un pur hommage aux album de gangsta rap west coast des 90’s’ l’instrumental est sombre, est rappel clairement les meilleurs moment de Death Row.
Puis Ty qui décidément ne s’interdit rien enchaîne sur Bring It Out Of Me, morceau Electro-dance comme Dj Frank E en faisait pour Chris Brown il y a 5 ans ! (Yeahx3). Le titre en lui-même est assez générique et ne correspond pas du tout à l’ambiance générale de l’opus.
S’il y a bien une influence qui transpire tout au long de cette album chanté-rappé c’est bien celle du King R.Kelly et c’est donc presque sans surprise qu’on écoute Kellz donner la réplique a Ty sur “Actress”. Le track aurait put être sur ‘Black Panties‘ sans aucun problème.
Le bien nommé “Finale” vient prouver s’il en était encore la peine de Ty Doll $ign a une véritable connaissance de sa musique et qu’il en maitrise chaque aspect du plus mainstream ou plus indé. Cette collaboration avec Sa-Ra Creative Partners et leur univers barré dans lequel Ty Dolla $ign évolue comme un poisson dans l’eau, montre sa polyvalence.
Au final, on a passé 16 titres avec une bonne partie de la scène afro-américaine actuelle sans que cela ne vire au défilé (on est clairement pas “chez” Dj Khaled) et l’on navigue entre ses différents courants sans que le temps ne nous paraisse trop long.
Ty a beaucoup d’aisance, reste globalement cohérent, même s’il est difficile de dire pour un “newcomer” (tant il a fait de mixtapes et de colab avant), c’est donc très prometteur pour le reste de sa carrière. Même si lui manque encore, pour l’instant le fond textuel et le génie créatif d’un Kendrick Lamar (dont l’album est un peu construit de façon analogue) pour délivrer un vrai classique ‘Black Music‘.
La réédition en écoute.
14/20.
Par Pierre-Gilles.