Il y a différentes façons de faire face à une longue absence dans le monde de la musique. On peut choisir de faire comme D’Angelo et garder son style, son empreinte… on peut essayer aussi de se jumeler à la mode, le temps des singles, pour livrer un opus plus personnel; ou alors on peut décider de proposer un opus totalement dans l’air du temps, pleins de possibilités de singles comme si on était un artiste mainstream actuel, comme si rien n’avait plus ou moins changé en espérant que ça prenne. C’est cette 3ème solution qu’a choisi Sisqo pour «The Last Dragon» qui a été enregistré et re-enregistré de différentes manières plusieurs fois au cours des 10 dernières années. Le grand public a attendu cet album au point de ne plus réellement le vouloir et d’oublier le chanteur et, malheureusement, ce n’est pas avec cet essai qu’il va leur donner envie de s’intéresser de nouveau à lui.
En effet l’immense vocaliste qu’est le leader du groupe Dru Hill nous propose un opus toute somme correct mais sans grandes ambitions, autre que celle d’être diffusée dans les radios en 2014-2015. La plupart des titres sont façonnés pour les boîtes de nuit, ce qui n’est pas un crime en soi. Monsta ou L.G.D.T (qui sample Marvin Gaye), sont particulièrement efficaces dans leur genre et n’ont pas à rougir face aux derniers singles du genre de Chris Brown ou de Trey Songz. C’est l’avantage mais aussi le talon d’Achille de cette démarche car on n’attend pas forcément du vétéran qu’est Sisqo qu’il nous propose un opus comparable à ceux de Chris et de Trey. On voulait des mid-tempos fulgurants, quelques ballades bien langoureuses, bien pensées, et on se retrouve avec un opus plutôt orienté club. LIPS est sûrement le titre le plus doux du projet, mais chez ce dernier aussi la présence trop accrue de l’auto-tune nous empêche de l’apprécier à sa juste valeur. Paradoxalement, le titre aurait été chanté avec une vraie passion qu’il aurait été un véritable ovni dans l’ensemble, qui reste quand même très léger pour un talent pareil. En effet, même quand il rejoint ses amis de Dru Hill pour les 3 derniers titres de l’opus, on écoute sans s’extasier, on avale sans réellement mâcher, hormis peut-être «Ipologize», qui clôt gentiment l’album sans toutefois réussir à effacer ce sentiment de déception.
Avant la sortie de cet album, on se demandait tous ce qui s’était passé pour Sisqo, on avait cette impression de destin volé…et cet album le confirme. On ne comprend toujours pas ce qui s’est passé. The Last Dragon n’apporte aucune réponse, aucune contradiction à l’histoire, et c’est surement pour ça qu’il n’intéresse finalement pas grand monde.
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12/20.