Chère Wallen,
J’ai assez d’admiration pour mille vies, le savoir et l’assumer ont pu faire de moi de ce que je suis. Cependant, c’est difficile de pouvoir l’exprimer en ces temps où la bonne musique se fait rare et où la folie semble s’être emparée des studios d’enregistrements. Les rêves sont brisés, l’identité s’est perdue, et celle qui avait dit non à tout ça s’est enfuie. Oui chère Wallen, aussi miséricordieuse que tu sois, c’est comme ça que les fans de R&B français ont vécu ce départ brutal, une rupture sans possibilité d’au revoir. Orphelins, on s’est tous demandés « ne voit-elle pas qu’on l’aime ». La vie a ses obligations, la musique aussi, et tu me diras sûrement qu’ à un moment l’une a réussi à prendre le dessus sur l’autre. Personne ne pourra te blâmer. Tu disais à une époque qu’à force de vivre, les peines, les joies, les rêves et les désillusions s’amassent comme de l’écume. Sûrement qu’à force de chanter la vie, ce processus s’accélère et lasse donc un peu plus vite. Je n’en sais rien mais je t’écris aujourd’hui parce qu’on a rarement la chance de voir l’amour triompher, on n’a plus si souvent l’occasion de mettre derrière nous les maux trop violents du monde extérieur destinés à nous écraser pour pouvoir dire sans attendre ce qu’on ressent. Alors je profite de la sortie de cet album Qu’Allah Bénisse La France, je profite de la joie de te voir illuminer à nouveau nos ondes, de te voir les transformer en salle des fêtes l’espace de quelques instants, pour te dire sans arrogance aucune tout le bonheur que tu auras su m’apporter, à moi et à des milliers d’autres. Je me doute que toi la fille de berger, tu auras tôt fait de nous dire « Ciao Pantin » afin d’aller te réfugier dans ton fort de la Seine Saint-Denis. Mais avant ça…
Je tenais à te dire merci. Merci parce que tout d’abord, on remercie rarement les artistes urbains de qualité en France. Merci d’avoir été le sunshine de cette scène urbaine féminine, de leur avoir permis de rayonner mais aussi de s’inspirer de tes textes. Merci d’avoir dit non pour qu’enfin beaucoup se rendent compte que le R&B ne se résume pas qu’à des histoires d’amour et de sexe. Merci de n’avoir pas fait de ça qu’un business et de nous avoir offert des petites étincelles de toi. On a compris la force de l’olivier, partagé la douleur d’une Donna et combattu tous ses nombreux désespoirs qui prenaient sa confiance. Tout le monde ne comprendra pas, ceux qui se seront arrêtés à un ou deux singles ne seront pas forcement à même de te cerner, mais tu t’es comportée comme une grande sœur, griot d’un genre nouveau et ça quelque part ça n’a pas de prix.
Ce blog existe aussi en partie grâce à toi. Au milieu de tous ces chanteurs américains, tous bougrement talentueux, j’avais l’occasion de m’accrocher à tes mots, de comprendre tes maux pour finalement devenir l’un des chemins que tu auras foulé. Tu es une des raisons qui ont donné au petit garçon que j’étais l’envie de conjuguer ses passions pour l’écriture et la musique. Et ça, ça ça ne s’oublie pas.
On entend désormais dire que cet album sera ton dernier, qu’on ne te reverra plus. Mais aussi dure que cette absence sera, et aussi abimés que nous pourrions être, sache qu’on restera tous la, on défendra ton œuvre, on respectera ton humilité. Et lorsque dans quelques années, les générations futures nous demanderont à quoi ressemblait les grands de la musique française des années 00’s:
Sans hésiter, on les fera asseoir et on leur contera:
Il était une fois … Wallen.