Oui, hormis Psy, le Hip Hop existe aussi en asie mais on en parle pas, ou alors très peu. Pourtant le continent qui abrite la moitié de la population mondiale semble être un territoire qui devrait intéresser beaucoup de monde. Mais avec une Chine occupée à censurer tout message contraire à la philosophie du Parti et un Japon plus porté sur la culture J-Pop, pas facile de s’en sortir pour des artistes se répondant du hip-hop et du rap, style de musique plutôt éloigné des standards de l’élite communiste chinoise et des couleurs édulcorés des clips japonais. Mais ils sont pourtant là, et ils existent, tant bien que mal.
Et en fait, plutôt bien que mal. Si le hip-hop asiatique n’a que rarement atteint nos ondes (pour ne pas dire jamais), il est pourtant assez développé, en Corée du Sud mais aussi en Chine et au Japon malgré les idées reçues de mon premier paragraphe. Le nombre d’artistes se réclamant du hip-hop asiatique est assez impressionnant, et certains clips et chansons diffèrent relativement du rap US et français qui fait notre pain quotidien.
Les exemples sont légion comme MC Sniper, considéré aujourd’hui comme une légende du rap Sud-Coréen. Habitué de mélanger son rythme hip-hop avec de la musique traditionnelle coréenne, il se sert de ses chansons pour dénoncer les travers de la société coréenne d’aujourd’hui. Et il est aussi capable de réaliser des clips très créatifs comme dans I Can Do It, où un dessin animé aérien et sans filles dénudés nous rappelle que le rap, ce n’est pas que du bizz et du sexe.
Un de ses disciples est Outsider, Sud-Coréen également. Il est réputé pour être un des rappeurs les plus rapides au monde (après Scatman bien sûr!), mais aussi de rapper des textes intelligents voire émouvants comme dans Alone (et ça c’est plus fort que Scatman).
Côté Chine maintenant, et Taïwan plus précisément, un des premiers noms du rap chinois est MC HotDog (ok, pas le meilleur pseudo du monde). Son premier single, en 2001, à été vendu à plus de 200 000 exemplaires. Pas mal quand on sait que la vente de ces albums est tout simplement interdite en Chine pour cause de paroles controversées. Il est toutefois évident que son rap est cette fois fortement sous influence américaine comme dans Wo Ai Tai Mei. Son côté plus occidental se retrouve aussi dans ce clip réalisé pour la marque PokerStars.
Pour trouver plus authentique, il faut aller au Japon où les rappeuses se débrouillent aussi bien que les rappeurs. C’est le cas de Halcali, un duo féminin dont le hip-hop se marie à la pop et à l’électro. Très populaire au pays du Soleil Levant, elles ont déjà effectué quelques concerts en France. Bien sûr, leur côté japonais reste visible. Jugez vous-même dans leur chanson Strawberry Chips (rien que le tire pourrait suffir mais les paroles valent le détour).
Dans un autre style quand même (arrêtons les clichés), Nassun est un rappeur japonais au style beaucoup plus sombre avec sa chanson Rap Zombie.
Enfin, la vraie pépite pour la fin. Elle s’appelle Suboi et fut la première rappeuse vietnamienne et toujours la meilleure à ce jour. Un style brut, un flow pur et une musicalité intéressante. Je vous invite vraiment à découvrir son univers. Ici un avant-goût avec une de ses dernières chansons, Away, où elle chante en partie en anglais.