Pourquoi Glee doit prendre fin?!
Ryan Murphy avait concocté une série américaine juvénile et populaire dans les règles de l’art. On était dès les premiers épisodes de Glee plongé dans la quintessence même de tout ce qu’il peut y avoir de clichés dans lycées outre-atlantique. Les élèves qui font tout sauf réviser leurs cours, les clans bien définis : Les cools avec les cools, les moches avec les moches, les pom pom girls, les basketteurs et bien sur les joueurs de baseballs. Un univers bien quadrillé, rodé mais aussi très familier vu qu’il nous a été servi sous différentes formes dans nombres de séries du genre depuis 10ans. Aussi bien dans les délires de Lizzie McGuire , les mièvreries de New Port Beach, que dans les folies d’High School Musical, c’est exactement le même moule qu’utilise les réalisateurs américains pour les séries destinés à séduire et faire adhérer aux adolescents du monde entier à une sorte d’american-dream fasfood et ça marche.. Alors pourquoi changer ?
Dans Glee, en plus, on avait le coté comédie musicale. Les petits cours de chant, les élèves qui gueulent avec tout ce qu’il y a de plus théâtral, les grands effets de bras, les danses synchronisées, et un prof sosie officiel de Justin Timberlake .
Parce qu’il fallait bien s’en douter, Murphy et ses amis n’ont pas échapper au passage obligé dans ce genre d’exercices de la caricature. C’est le trait distinctif de chacun de leurs personnages :
Rachel, brune insupportable aux dents qui rayent le parquet et porteuse de bonne morale à chaque fin d’épisode. Finn, l’éjaculateur précoce ensemenseur de jacuzzis, niais et maladroit avec qui elle partage une histoire d’amour. La black obèse à la forte personnalité recrutée pour jouer les arbitres et se prendre pour Beyonce quand besoin s’en fait . Le handicapé surdoué en manque de reconnaissance. Le gay excentrique et désuet pour qui l’église c’est un magasin Louis Vuitton, la bègue, les cheerladers qui ont 3 de Q.I,…etc.. tout y passe..
Cependant, la première saison de Glee dans sa grande majorité fonctionne bien. Ce n’est pas subtil, pas forcément bien joué, pas forcément émouvant mais ça chante tout le temps, ça pétille. Les personnages assignés aux phrases rigolotes s’en accommodent plutôt bien, ça donne un résultat divertissant, énergique et plaisant à suivre les jours d’ennui.
On est notamment pris de sympathie par les répliques de Sue Sylvester, la prof de sport, jouée par une Jane Lynch formidable. Acide et égocentrique, elle permet de contrebalancer le jeu quasiment téléguidé des autres acteurs (“là, ton texte est en rouge, alors tu n’es pas content. Toi, ta chanson est en bleu, alors tu me fais du triste. Et toi, bah comme d’habitude, ton texte est en rose alors tu es gay et mal dans ta peau. ACTION!) et d’enjoliver l’ensemble.
Mais un jour, il y a eu « Don’t Stop Believin », les gamins ont repris en collégiale le tube du groupe Journey et ils ont affolé Itunes. A la même minute, le portable de Ryan Murphy a dû être harassé d’appels des directeurs des grosses majors qui ayant là vu une opportunité ,ont décidé de changer la direction de base de sa série : Glee sera le sanibroyeur de la pop ou ne le sera pas. Finies les petites scènes chantées sympathiques, finies même les scénarios buble-guù rédigés sur Ticket caisse ou encore les imperfections rigolotes du jeu, et on oublie les reprises de classiques populaires. Non mais oh ?
Depuis 2 ans, Glee est devenu le socle du mauvais gout, des rendus infectes et de la lobotomisation des esprits. Le principe est simple. Les gros labels ont leurs artistes favoris, ces derniers font des chansons. Si ces chansons marchent, c’est tant mieux. Murphy va demander à ses acteurs de les reprendre ensuite comme ça elles vont pouvoir encore plus marcher en touchant le public jeune. Si elles ne marchent pas de suite, le procédé est inverse, on matraque sur Glee pour qu’ensuite les artistes en question puissent accéder au haut du podium. C’est ainsi que la promotion du dernier opus de Britney Spears s’est effectué, c’est ainsi que le groupe Fun a explosé et c’est ainsi qu’on retrouve quasiment les reprises des mêmes artistes pop actuels dans 90% des épisodes depuis cette période.
Les producteurs se sont imposés de passer à la moulinette les succès mainstream (Britney Spears, Nicki Minaj, Kesha, Katy Perry, Michael Jackson, etc) pour en faire de l’inutile. Chaque épisode est désormais un prétexte pour enchaîner les clips à la con, interprétés par des acteurs dépassés par les nouvelles ambitions de la série mais néanmoins persuadés de tout déchirer. Il n’y a plus de scénario, on met n’importe quoi en vrac et on compte le fric. Et là où c’est formidable, c’est que plus personne n’a l’air de faire attention au ridicule de la situation : On ne sait pas où on va mais on n’y va pas quand même tant que les poches sont pleines.
Même les rares interventions de Sue Sylvester n’arrivent pas à rattraper l’abyssale médiocrité et le coté très malsain dans lequel le show s’enfonce. Mention spéciale à l’épisode spécial Rocky Horror Show, qui a pris soin de violer un film mythique, note par note, une idiotie après l’autre ou encore au premier épisode sur Britney Spears, véritable insulte à l’intelligence érigée pour rassurer la star sur des capacités et un impact qu’elle a pourtant perdu depuis le premier mandat de Bush.
On est passé d’une série pour le moins innocente à une industrie destinée à faire que les jeunes ( leurs téléspectateurs) n’écoutent que la même musique, les même artistes et donc évoluent finalement dans un cercle fermé, culturellement inanimé, absout de toutes diversités. Aucun titre R&B /Soul ou artiste R&B actuel n’est repris par Glee. Pour le coté rap, on s’assure à chaque saison de reprendre « Empire State Of Mind » de Jay-z au moins 2 fois. Ne parlons pas des artistes rock qui ont pour la part refusés de voir leurs oeuvres être réduies en bouillis par les effets d’autotunes désuets et excessifs que comportent chacun des 3 albums ( au moins ) qu’ils produisent par mois.
Et ça, c’est quand on ne compte pas les risibles tentatives solos que commettent les acteurs en parallèle des tournées qu’ils font pour la même émission.
Bref en 24 mois, le show a tout perdu et n’a plus rien d’autre à offrir que de la publicité continuelle pour des artistes déjà mis en évidence 24h/24 dans les médias. On est parti d’un pas grand-chose sympa pour arriver au véritable néant artistique.
Triste Réalité !