Erykah Badu est cette somptueuse torturée qu’on aime à côtoyer depuis plus de dix années et dont chacun des retours provoque en nous excitation et curiosité. 3 ans après un album plutôt controversé où elle affichait une vision politique et rebelle de la société, la voici de retour avec la deuxième partie de ce projet. L’esprit moins guerrier, plus assagie et posée pour maintenant s’étendre sur les multiples tourments du sentiment glorieux comme le montre le merveilleux 1er single Windows Seat , gracieux mid tempo soul ( dont ne se fera grâce d’oublier la vidéo) qui aura vite fait de convaincre amateurs du genre et détracteurs de la belle .
L’opus s’ouvre avec 20 feet tall . Une ambiance soul-full aérienne pour ce titre sombre où la voix de la chanteuse explore la peine d’un amour perdu avec cette sobriété qui n’est pas sans rappeler les grands moments de la littérature anglaise du 18ème siècle. Badu a ce tact mélodique et cette rombière mélancolie qui fait qu’elle exerce avec grâce l’introspection sentimentale qu’elle promet. Ici pas d’escapade vers un son radiophonique facile et blasant. L’heure est plutôt à la confession parfaitement mesurée : Turn Me Away ( Get Munny) est ce subtil clin d’œil , un poil funky au renouveau de la soul années 90’s , tandis que Gone Baby , Don’t be long est ce moment d’une intensité rare qui ferait pâlir de jalousie Paul McCartney à qui le sample est repris . Umm Humm est la petite bombe de l’album, à la fois sexy et entraînante. La rythmique so 70’s utilisée fait des ravages alliée à la voix fine mais charismatique de la chanteuse qui peine à reproduire ses pépites sur la fin de l’album . Plus lancinante, un poil convenue avant le dernier morceau : Out Of Mind , Just In Time . Merveilleux moment où la Badu retrouve James Poyser pour une tirade Jazzy qui se transforme en grand moment soul.
On pourra reprocher à ce 2ème volet de Badu sa répétitivité ou peut-être le manque punch relatif de l’ensemble. Toujours est il qu’après le décevant et beaucoup trop expérimental 1er volet. La chanteuse prouve qu’elle a toujours un univers bien à elle, offrant un essai de belle facture, qui s’inscrit parmi les plus aboutis de ce début d’année.
14/20.